Eric Loizeau et son compère le guide de haute montagne Hubert Fiévet ont emmené leurs amis du "Carré des Aventuriers" traverser le Haut Atlas à la fin de ce mois d'avril. Un fabuleux voyage d'exploration.
Jour 1: Arrivée en fin d'après-midi à Marrakech. Transfert immédiat en bus de l'aéroport au village d'Azilal point de départ de notre trek. A peine cinq heures après avoir quitté Paris, nous voici plongé dans le pays
berbère. Quel décalage!!!
Jour 2: Neuf heures de marche à travers les montagnes et le franchissement de deux cols à 3000 mètres avec les neiges de printemps en toile de fond pour atteindre enfin la vallée verdoyante des sources de Tessaout et notre premier bivouac au pied de l'imposante chaîne du M'Goun. Nous sommes accompagnés d'une dizaine de mules de portage et de deux guides locaux, Rachid et Larhsen.

Jour 3: le jour de l'ascension du point culminant de la chaîne. Nous partons à l'aube en direction d'une combe improbable qui se dessine là-bas entre les sommets enneigés. Nous sommes à plus de 3000 mètres et ce petit matin, pour beaucoup d'entre nous, le souffle est un peu court. Heureusement un soleil généreux illumine le paysage et réchauffe bientôt les organismes. Vers midi, nous atteignons enfin une longue arête qui court d'est en ouest, à près de 4000 mètres, sur plusieurs kilomètres de distance. Contraste étonnant entre les faces nord encore recouvertes d'une neige abondante et celles des versants sud dont l'aridité ocre rappelle le désert tout proche.

Avec plus ou moins de difficulté, selon l'état de forme de chacun, le groupe tout entier atteint enfin le sommet aride et pierreux marqué d'un caïrn dressé à 4068 mètres. Il est 14h30 et nous ne pouvons trop nous attarder car la descente jusqu'à notre prochain bivouac est longue et difficile. En réalité, nous empruntons le versant nord de la montagne en nous faufilant entre névés et pierriers jusqu'à trouver un bon sentier qui nous emmène jusqu'à l'oued Oulimint qui va devenir notre fil d'Ariane pendant les jours prochains pour nous guider vers les vallées du sud.

Jour 4:De notre bivouac des sources de l'Oulilimt situé sous les couloirs nord du M'Goun, nous allons suivre cet oued sur une trentaine de kilomètres jusqu'au village de Imi Nirkt marquant le début des gorges qui permettent de sortir des montagnes. C'est une longue randonnée, sinueuse à souhait comme les méandres de la rivière, jamais fastidieuse car les paysages changent à mesure que l'on avance, avec l'apparition enfin des premières huttes de nomades puis des premiers villages aux maisons de terre. Une fois encore le miracle de l'eau se produit avec des oasis de verdure qui surgissent parfois au milieu de cet univers minéral de pierre et de sable. Nous marchons du matin jusqu'au soir et sommes ravis de pouvoir enfin dresser nos tentes pour la nuit dans la cour d'une humble demeure villageoise.

Jour 5: Descente des gorges d'Achabou. Ces gorges orientés du nord vers le sud permettent de sortir de la vallée du M'Goun et de rejoindre celle du Dadès . Elles sont taillées dans le calcaire, escarpées et étroites à un point tel que l'oued les envahit parfois entièrement. Il faut donc progresser souvent les pieds dans l'eau et parfois plus... quand le sentier ne peut plus parcourir les rives. C'est donc à la fois amusant et difficile. La fraîcheur agréable du début devient un froid glacial. Il vaut mieux ne pas tomber et heureusement les bâtons de marche dont nous disposons empêchent la plupart de temps de glisser. Nous mettrons la journée entière à parcourir les 20 kilomètres qui nous permettent enfin d'atteindre le gros village d'Agerzaka, où nous attend le confort sommaire d'un gîte chez l'habitant.

Jour 6: journée de transition. Nous donnons congé à nos muletiers pour retrouver des véhicules 4X4 qui vont nous transporter jusqu'à la ville berbère de Boumalne Dadès et la belle Kasbah Tizzarouine de nos amis touareg Ali et Mohamed Lemnouar. Les années passées, Eric et Hubert ont vécu de belles aventures avec Ali en sillonnant l'Atlas à la recherche de pistes perdues et leur accueil est comme toujours formidable. Entre temps, une partie de l'équipe prend le temps d'aller grimper dans les gorges du Toudra, site incontournable d'escalade à quelques kilomètres plus à l'Est, avant de rejoindre le groupe pour une soirée on ne peut plus confortable.

Jours 7 et 8: exploration du djebel Saghro. Eric tenait absolument à faire découvrir cette partie encore secrète de l'Atlas à ses amis. En descendant vers le Sud, on se rapproche du désert et les paysages sont tout à fait différents de ceux rencontrés plus au nord dans le Haut Atlas. C'est une alternance de cols élevés aux paysages quasi alpestres et de surprenantes tours basaltiques aux reliefs tourmentés. Une piste de terre brûlée travers ce massif presque désertique, parcouru par des troupeaux nomades. Le groupe l'a suivi jusqu'à un canyon taillé dans le granit à partir d'un village famélique. Quelques années plus tôt, Hubert et Eric avait repéré cette coupure dans le rocher et avaient descendu en rappel les nombreuses vasques qui la parcouraient avant de déboucher sur une falaise de près de soixante mètres plongeant dans un oasis de verdure. Abandonnant les 4X4, le groupe s'équipe de baudriers et casques pour tenter l'aventure. C'est une joyeuse expédition agrémentée par une bain dans une baignoire naturelle et un cours d'escalade dispensé par Hubert au pied de la falaise.

La soirée se passe en bivouac dans un secteur tout aussi surprenant: les tours de Bab Ali, deux monolithes de calcaire dressés droits au milieu du désert. Eric et Hubert les ayant repérés quelques années auparavant se sont mis dans la tête de les escalader !!!
Tout le groupe s'ébranle donc au petit matin pour une courte marche qui permet d'en rejoindre le pied. A l'ombre des tours, les grimpeurs déploient leur matériel pendant que les autres s'abritent du soleil déjà puissant. L'escalade s'avère difficile par le fait du rocher extrêmement érodé. D'ailleurs, l'état de l'équipement en place laisse à penser que ce n'est pas une voie très fréquentée. Néanmoins l'équipe arrive au deux tiers de l'ascension avant de renoncer compte tenu de l'état désastreux de la paroi.
L'après-midi, retour à Boumalne et Tizzarouine, piscine face à l'Atlas pour certains, hammam pour d'autres, magique coucher de soleil et dîner festif pour tout le monde avec concert de "jambe" et narguilé....
Jours 9 et 10: le retour, parce qu'il faut bien rentrer.... Un bref passage à Ouarzazate avant de prendre l'avion de Casa et l'équipe entière se retrouve à Paris le dimanche midi. Où irons nous l'année prochaine?? En attendant, comme le Kilimandjaro, l'Erta Alle (Ethiopie) et le Népal, cette traversée de l'Atlas rentre dans la catégorie des très beaux voyages et nous laisse une infinité de bons souvenirs: la gentillesse et la simplicité du peuple berbère, les paysages grandioses et tellement changeants.... la Kasbah Tizzarouine, que nous vous recommandons chaudement....